Le randonneur gourmand mâchonne déjà le Kaspressknödel avant que le téléphérique ne redescende dans la vallée. À gauche, à droite, il bavarde avec des voisins de table inconnus, étanche sa soif avec une bonne gorgée de bière bien méritée et se fait servir par la patronne de l'alpage un autre strudel avec un coup de poing - l'air de l'altitude donne faim ! Tandis que le soleil réchauffe son visage pâle, il savoure la légère brûlure d'une eau-de-vie de pin dans son gosier - vive le plaisir du meunier. Au crépuscule, il descend en téléphérique.
Fidèles à la devise "Yolo !", les randonneurs hipsters prennent de la hauteur. Avec un bonnet cool, des lunettes décoratives et un sac à dos stylé, ils partagent le panorama de la montagne sur Facebook, Instagram & Co, sans même s'en rendre compte. Équipés d'un selfie stick, ils partent à la chasse : "Oh, une fleur bleue, un caillou pointu, comme ce nuage est blanc - tous les motifs les plus fous de la montagne ! 24 heures sur 24, ils gazouillent à propos de leur tour de magie. Ils partagent, likent, filtrent, traquent et font du hike. La soirée dans la vallée se termine par un barbecue végétalien, sans lactose et sans gluten. C'est beau de plaire à tant de gens.
Plus haut. Plus rapide. Aller plus loin. Le vététiste high-tech choisit les montées raides. Il sprinte vers la montagne sur des semelles ultralégères. Le regard vers l'avant, l'objectif en vue. Il passe devant une vache et une galette. Il souffle, halète, transpire. Mais son bandeau tient bon. Le sommet approche. Le soleil est brûlant. L'alcool du sac à dos pousse. Au sommet. Neuf cent quarante-trois mètres de dénivelé, quatre kilomètres en quarante-quatre minutes quarante-trois secondes et deux centièmes. Smartwatch est au courant. Il va chercher la boule d'énergie. D'une valeur de 600 kilocalories. À base de dattes, de sel, de cacao. Revigoré, il change de t-shirt respirant et se dirige vers la vallée. La performance est au rendez-vous.
Le matin, l'alpiniste individualiste consulte son carnet de randonnées, feuillette les pages et évite précisément les itinéraires qu'on lui recommande. Il se fixe pour objectif un sommet à l'écart des montagnes à la mode du Tyrol. Pendant des heures, il se promène seul dans le paysage, médite et philosophe. Et lorsqu'au sommet, il laisse son regard errer sur les Alpes, il voit au loin des collines qui grouillent comme des fourmilières. Il secoue la tête, s'appuie sur la croix du sommet, croque dans sa pomme et savoure le calme.
De véritables chaussures de montagne en cuir ornent la tenue du randonneur rétro, tout comme la chemise à carreaux rouge et blanc et le pantalon en cuir. En guise d'accessoire, le chien de chasse marron. Pour lui, la montagne est synonyme de patrie. Il aime l'expérience de la nature, connaît la gentiane, l'arnica et les 137 autres fleurs alpines protégées du Tyrol. Les cartes géographiques et les cartes à jouer font partie de ses lectures préférées. Aucun sommet ne lui est étranger. Aucun chemin n'est trop long pour faire transpirer le Landjäger et le Bergkäse. Avec ses jumelles, il épie les chamois et s'étonne du nombre de personnes qui ont besoin de téléviseurs et de montres pour faire de l'alpinisme.